Nerval fait partie des écrivains dont les portraits, du fait de leur rareté, sont les plus émouvants. Ils le sont aussi en raison des préventions que le poète entretenait à l'égard de la photographie. En 1853, il prend la pose devant Adolphe Legros (ci-contre) et le résultat le consterne : « La maladie m'avait rendu si laid, – la mélancolie si négligent. Dites donc, je tremble ici de rencontrer aux étalages un certain portrait pour lequel on m'a fait poser lorsque j'étais malade, sous prétexte de biographie nécrologique. L'artiste est un homme de talent, plus sérieux que Nadar, qui n'a que de l'esprit au bout de son crayon ; mais, comme notre ami aux cheveux rouges, il fait trop vrai ! Dites partout que c'est mon portrait ressemblant, mais posthume, – ou bien encore que Mercure avait pris les traits de Sosie et posé à ma place. [...] Infâme daguerréotype ! tu pervertis le goût des artistes. » Ces préventions s'expliquent, comme celles de Baudelaire, par une condamnation du réalisme : implacable, l'objectif fixe l'image d'une enveloppe charnelle qu'elle invite à prendre pour la « réalité ». |
SILHOUETTE
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